« Il était une fois 25x400m... »

Publié le par Birdy

    - Interclubs 10 000m piste - 12/03/2005 -
   
"Coach" avait dit...je compte sur vous, les départementaux de 10 000m chez nous...dans notre stade... volontaire désigné d'office !
10 000 d'accord...mais 25x400...c'est pas humain...ça sentait le traquenard...
 
Surtout après une coupure de quatre mois en fin d'année, liée à un problème relationnel aigu avec le fameux Achille, toujours prêt à s'enflammer...et une reprise 2005 en douceur, pour ménager délicatement l'état de ses humeurs changeantes.
Vraiment...au bal des illusions perdues...ça sentait "la mise à mort"...la valse des aiguilles qui s'affolent, le décompte torride de celui qui a tout donné avant d'avoir commencé, l'éternelle question du "mais qu'est ce que je fous là"...
Mais bon...y'a des jours comme ça ou quand il faut...il faut....
 
Cumulant la mauvaise idée d'arriver au dernier moment, et donc de négliger l'échauffement...et d'avoir laissé la motivation à l'entrée du stade, c'est avec un certaine indifférence que je me retrouve sur la fatidique ligne de départ d'une série "fourre-tout" ou....par des temps meilleurs, je pouvais espérer avoir l'impression de ne pas être trop mauvais...
Est-il besoin de préciser qu'une "série caïd" venait d'en terminer dans des temps peu avouables... probablement des Kenyans...ou des descendants de la fusée Ariane...
 
Le coup de pistolet pacifique du starter me rappelant la dure réalité...c'est avec un manque de modestie total, l'arrogance déplacée du "pingouin très très moyen" que je viens me placer comme un mort de faim à la corde en trois ou quatrième position...d'un peloton d'une quinzaine d'unités.
Ce qu'il me reste encore de lucidité, me rappelle très vite la règle fondamentale du "qui part trop vite meurt de suite", je lève le pied (dangereux pour un bipède...), retrouve une place plus en rapport avec mes habitudes...et décide comme cela avait été prévu avant que le starter me fasse perdre la mémoire, de faire course commune avec un "frère de sueur" de mon club...un peu plus sage, sur un tempo, en théorie tout à fait digérable.
 
Mais il était dit...que ce jour là, je n'étais pas prêt à digérer grand chose...poussif, et pourtant à l'abri dans sa foulée, un sursaut de ce que l'on appelle l'orgueil me fait prendre le relais le souffle court, me racontant que "ça ne pourrait pas aller plus mal que quand c'était pire", que je n'avais pas eut le temps de m'échauffer et que dans "peu de temps bientôt", mon état critique...allait se stabiliser...
Et bien...j'appris à mes dépens que dans l'état critique existait plusieurs stades... et que j'allais les côtoyer les uns à la suite des autres.
 
1 mètre, puis 2, puis trois et c'est mon lièvre qui inexorablement prend la tangente...la chaudière s'affole, les témoins de zone rouge s'allument....ne nous affolons pas...il va craquer, plus tard...mais il va craquer, c'est sur....enfin presque, enfin c'est ce qu'on se dit quand on commence à se mentir pour ne pas flancher...
Et ce panneau d'affichage à l'air narquois comme une provocation me renvoie les tours encore par dizaine, ce ne sont plus des encouragements mais des condoléances...qui rythment ma foulée devenue étroite, raide et sans espoir.
 
Heureusement qu'il existe encore des bipèdes bien élevés et sympathiques pour courir encore moins vite que moi (si, si, c'est possible...), et me donner ainsi l'impression d'exister, j'en déguste un, puis "une"...charmante amazone pour me redonner vie! Je bombe le torse, essaie de lui offrir ma plus belle foulée...(défraîchie...) et lui glisse quelques mots d'encouragements des plus banaux avant de.....me faire détruire par deux fusées à la foulée gigantesque, qui me digère, me broie en une fraction de seconde...ils sont dopés c'est une certitude...
 
Bah oui quoi...certaines réalités ne sont pas facile à accepter...et l'on peut vite devenir aigri, perfide, jaloux et de mauvaise foi dans ces instants de grande solitude!
Enfin le compte-tours devient convivial et affiche des chiffres beaucoup moins contrariants, pour mon moral en berne, et mon cœur en feu.
Encore une foulée qui se rapproche...et la mienne qui ne peut s'enfuir, cette fois c'est l'hallali...un copain de club qui me transperce d'un "béh...ça a pas l'air d'aller"...
Ou ai-je foutu mon humour...dans ma poche percée sans doute...si je pouvais, je le dévorerais...
De toutes façons, je ne lui ferai pas grand mal...vu que lui aussi vient de me lâcher...serai-je de mauvaise compagnie?
 
Enfin cette satanée cloche décide à tinter comme une délivrance lors de mon passage sur la ligne,
plus que 400m, je croyais ne jamais en voir le bout...je m'efforce de boucler ce dernier tour proprement...sur "ma" piste...je n'ai même pas la satisfaction de me dire que j'ai tout donné, aujourd'hui je n'avais rien a donné, même pas mal aux jambes, je ne pouvais pas accélérer, plutôt mal au cœur d'avoir trop espéré...
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